lundi 16 novembre 2020

La grande question





La vie est une question,
Dans une langue étrangère,
On cherche la traduction,
On trouve pas le dictionnaire.

On s'prend des religions,
Pour s'aider à dormir,
On manque de conviction,
On s'tue à réfléchir.

Et on fredonne des psaumes,
Et on s'écoute les geindre,
Et on a mal aux paumes,
Qu'on n'finit plus d'se joindre.

La vie est une question,
Qui ressemble à pourquoi,
Mais en beaucoup plus long...
Est-ce une question de foi?

La vie est une question,
La seule de l'examen,
Et on se sent tous cons,
De n'y comprendre rien.

Peu importe le crayon,
On écrit des bêtises,
On n'aura pas tout bon,
Fallait pas qu'on s'divise.

La vie est un problème,
Qui n'a comme solution,
Que le problème lui-même,
Et que l'acceptation.

La vie est un défi,
Qui ressemble à un rêve,
Et la vie s'évanouit,
Sitôt qu'on la relève.

La vie est une question,
Plutôt mal formulée,
Tant pis pour c'qu'on répond,
On s'est déjà trompé.

On s'dit "faisons d'notre mieux,
C'est tout c'que l'on peut faire"
Alors on devient deux,
Alors on forme une paire.

Puis on est amoureux,
Et puis on en est fier,
Et puis on devient vieux,
Et puis soudain on s'perd,

Et puis on devient seul,
Et puis c'est là qu'l'enfer,
On s'le prend en pleine gueule,
C'est le monde à l'envers,

On investit d'l'amour,
Dans une passion parfaite,
Et on finit l'cœur lourd,
Dans une maison d'retraite.

La vie est une question,
Qu'y faut pas trop s'poser,
On trouvera pas d'raison,
À son absurdité

Elle sert à mesurer,
Notre degré d'espoir,
Elle nous défie d'briller,
Malgré le grand brouillard,

La vie est une question,
Une question en suspens,
C'est une aberration,
Et faut la vivre pleinement !

Faut qu'on m'éclaire le cœur,
Que mon cerveau se taise,
Et que j'me cueille des fleurs,
Entre deux plants d'malaises.

Qu'est-ce qui faut que j'comprenne,
À cette matière-là ?
Comment est-ce qu'on enseigne,
Ce qu'on ne saisit pas?

J'aimerais pouvoir crier,
Que j'ai la solution,
Que j'ai si bien prié,
Que j'ai changé d'vision,

Que tout est une banale,
Question de perception,
Que rien n'est plus fatal,
Que la désillusion.

Mais je n'sais pas qui crée,
Les avenirs trop longs,
Des vieillards égarés,
Dans de communs salons.

Ces corps que l'on stationne,
Comme des voitures en panne,
Même plus foutues d'être bonnes,
Pour des routes de campagne.

J'sais pas non plus qui donne,
Les avenirs absents,
Aux toutes petites personnes,
Qui partent les pieds devant.

Peut-être que j'déraisonne,
Mais je soupçonne le diable,
Bien sûr que j'me questionne,
Devant l'intolérable...

J'ai les deux paumes qui suent,
Tellement mes mains se frottent,
Je sais pas si Jésus,
Va m'donner une bonne note.

Quand j'aurai bien vécu,
Ce que l'destin m'complote,
Quand je m'serai rendue,
Au seuil de sa vieille porte.

Y doit y avoir un but,
À cette énigme idiote,
J'veux pas mourir déçue,
Mais j'veux pas vivre sotte !

Je comprends pas c'qu'y a d'mal,
À se d'mander pourquoi,
Y a pas de bien sans mal,
Y a pas de chaud sans froid.

Puisque le match est nul,
Depuis l'début des temps,
Ça semble ridicule,
De s'battre plus longtemps.

Est-ce qu'on doit croire au ciel ?
Ou craindre le trou noir,
Où vont les hirondelles,
Qui n'ont plus de perchoirs ?

Quand elles ont mal aux ailes,
Et qu'elles ne chantent plus,
Qu'ont-elles d'éternel,
Les créatures perdues ?

La vie est une question,
Et la question m'obsède,
Pourquoi la vivre à fond,
Puisque tous les fonds cèdent ?

S'il faut trouver l'bonheur,
Pourquoi subir le corps ?
N'est-ce pas à l'intérieur,
Que l'on rayonne plus fort ?

Si l'âme est électrique,
Et que c'est d'l'énergie,
Le résidu cosmique,
Qu'on léguera aux amis.

Qu'est-ce qu'on s'en vient nourrir,
En devenant terrien ?
Que faudra-t-il ret'nir,
Du pays des humains ?

Si c'est problématique,
Pourquoi dote-t-on les hommes,
D'une vulgaire toxique,
Petite grappe de neurones?

Un emballage de peau,
Ses pouvoirs, ses désirs,
C'est comme un gros cadeau,
Dont faut pas trop s'servir.

La vie est un mystère,
Que je n'éluciderai,
Qu'une fois six pieds sous terre,
Enfin à tes côtés.

En attendant, je veille,
Et je demande aux nuages,
De libérer le soleil,
Qui t'a pris en otage,

Et quand le ciel se dégage,
Que tombent des rayons,
L'soleil a ton visage,
L'univers a ton nom.

Je sais que tu es là,
C'est plus qu'une impression.
Est-ce parce que j'ai la foi?
Voilà la grande question... 

Lynda Lemay


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